Farida Muhammad Ali

Biographie

Farida Muhammad Ali
La voix du Maqâm Irakien
Irak
Disponible sur demande
6 artistes sur scène

Pendant plusieurs siècles, rayonna à Bagdad, un Islam universel, aux confins d’un monde arabe, turc et persan.
Farida Mohammed Ali est née à Kerbela, ville mythique du chiîsme musulman (shi’a) au sud de l’Irak, là, où la tradition du chant féminin était admise. Avec son ensemble de maqâm irakien le tchâlghî baghdâdi, elle exprime dans son chant les raffinements des anciennes cours aussi bien qu’un riche répertoire populaire.

Le terme maqâm (textuellement « situation » ou « endroit ») se réfère dans le monde arabe à un mode musical habité par une humeur ou un sentiment particulier. En Irak, dans la tradition classique, il définit à lui seul le chant qui, de manière magistrale, à travers ses cinquante-trois modes, décline une très large palette d’émotions.

Bien que se soit réellement vers la fin du XVIII° siècle que se définira l’actuel maqâm irakien, on ne peut s’empêcher de penser à l’époque fastueuse des Abbassides du VIII°au XIII°siècle. Pendant plusieurs siècles, l’Irak, ancienne terre de la Mésopotamie, « le pays entre les deux rivières », le Tigre et l’Euphrate, connaîtra à Bagdad, un Islam universel aux confins du monde arabe, turc et persan.    

Ainsi l’aristocratie locale dans ses salons aussi  bien que les diverses communautés qui composaient le tissu social de la grande cité, s’abreuvait à une poésie classique et populaire raffinée.

Les maqâms irakiens étaient aussi interprétés dans le cadre plus religieux des fêtes mawlid (anniversaire de la naissance du Prophète), des deuils ou des cérémonies soufies des qaderiyya. L’ensemble  de maqâm irakien de Bagdad, le tchâlghî baghdâdi, se caractérise notamment par l’utilisation du  santûr, cithare à cordes frappées, similaire à celui qui est utilisé dans la tradition persane et de la djôza (du nom de la caisse de résonance en noix de coco , djôz al-hind,  « noix d’Inde »), vièle à 4 cordes, maladroitement supplantée aujourd’hui par le violon de facture occidentale. Ces deux instruments d’une très grande délicatesse acoustique donnent à la musique irakienne un indéfinissable parfum d’Orient lointain et de senteur d’Asie. La voix du chanteur ou de la chanteuse brode ses mots anciens ou contemporains, classiques ou populaires.

Après un bref prélude instrumental muqadimma, l’art du qârî (chanteur ou récitant) consistera à déclamer quelques riches vers poétiques issus de la grande tradition de la qasida à l’origine de la poésie arabe et dont encore récemment certains poètes aimaient encore à y forger leur inspiration.
Avec tout son savoir-faire, le chanteur distillera quelques sentences poétiques plus populaires, mawwaâl baghdadi (ou zheiri),  avant de conclure avec virulence par la peste  rythmée et inspiré d’un répertoire traditionnel plus régional. Cette ponctuation finale fera la transition entre l’aspect inspiré et l’aspect festif du maqâm irakien.

Le mawwaâl, l’introduction libre et poétique de tout chant arabe classique où les mots peuvent prendre leur véritable dimension se compose de sept vers inséparables. Il puise son origine mythique précisément dans la tradition irakienne.
Dans le cadre des Mille et Nuits, le terme mawwaâl se réfère au départ des Barmécides persans bannis par Harûn al-Rashid qui avait interdit de les pleurer. Mais un esclave de Dja’far le Barmécide se déroba à cette règle et composa une élégie funèbre en l’honneur de son maître condamné à mort. Chaque strophe était ponctuée par « Yâ mawâliya » (Ô mes maîtres).      

Aujourd’hui, l’existence de ce genre musical se maintient difficilement comme le fait remarquer Schéhérazade Qassim Hassan « Dans les années soixante et soixante-dix, l’art des « maqâms irakien » était encore très vivant et enraciné chez la majorité des citadins.
Aujourd’hui, avec la disparition d’une génération de grands interprètes, dans une période de bouleversements politiques, économiques et sociaux, la tradition est présentée davantage par sa version « revue et corrigée », simplifiée, confiée aux troupes officielles, tandis que les musiciens subissent généralement les influences de l’occidentalisation, de l’hybridation et des musiques de variétés locales qui envahissent le paysage médiatique et social de la cité ». Dans le tchâlghî baghdâdi, c’est l’homme qui chante.

Si Farida Mohammed Ali a pu s’insérer dans cette grande tradition, c’est en autre grâce à son origine. En effet, Farida est née à Kerbela, ville mythique du chiisme musulman (shi’a) au sud de l’Irak, là où la tradition du chant féminin était admise comme l’explique Farida : « Les sociétés arabes n’ont pas donné aux femmes, comme on le sait, la chance de se représenter sur scène, de s’émanciper et ainsi de participer à la transmission de cet héritage musical. Au sein de cette société dominée par les hommes, grâce à des parents très tolérants et ouverts, j’ai vécu dans un environnement favorable à l’émancipation de la femme. De grands maîtres tels que Munir Bashir, Hussein El Hazami ou mon mari Mohamed Gomar m’ont également beaucoup encouragé. En Hollande, j’ai crée la Fondation du maqam irakien qui a pour objectif  premier de préserver l’esprit de la tradition de ce maqam et pour ambition de consolider la connaissance de la musique et de la culture irakiennes. La musique est ma vie : elle est aussi importante pour moi que la boisson ou la nourriture. Il faut savoir que le maqam est aussi lié au soufisme car il aborde quantité de  sujets religieux.  D’habitude, d’ailleurs,  on ne parle pas de chanteur de maqam, mais plutôt de récitant. Réciter des maqamat donne réellement le sentiment d’être en harmonie avec l’esprit.

Propos recueillis par François Bensignor pour Mondomix

Farida, femme à la fois généreuse et simple donne à ce genre musical une nouvelle ardeur et une grande chaleur.
Bien que sollicités constamment par un nouveau répertoire plus adapté à une certaine clientèle proche-orientale, ces artistes maintiennent les structures musicales spécifiques au tchâlghî baghdâdi, très souvent d’ailleurs en direction d’un public européen friand des formes traditionnelles.   

Alain Weber

 

REFRENCES
Oslo World Music festival (NO), Barbican centre - London (UK), Les Instants du Monde - Rezé (FR), Bimhuis - Amsterdam (NL), Rasa - Utrecht (NL), etc...

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Discographie

2009
The Maqams and Songs of Nostalgic
Iraqi Maqam Foundation
2009
Sun of Iraq
BlueKap / Music And Words
2007
Ishraqaat
Snails Records
2000
Iraqi Mawal & Maqams
New Samarkand