Druk Yul Trio

Biographie

Druk Yul Trio
Chants traditionnels du Bhoutan
Bhoutan
Disponible sur demande
3 artistes sur scène

Namkha Lhamo, chant
Lhamo Dukpa, chant
Jigme Drukpa, dranyen

Le duo des chanteuses Namkha Lhamo et Lhamo Dukpa présente un vaste répertoire populaire qui met notamment en valeur la tradition mal connue du Bumthang (Bhoutan du Centre), d’où sont originaires les chanteuses les plus réputées.
La douceur aérienne de leurs voix semble planer au-dessus des vallées et vallons, des forêts de pins et jungles tropicales qui forment le relief de ce petit « pays du dragon ».

Chanteuses attachées à la famille royale, on leur a attribué les prix de meilleures chanteuses du Bhoutan.

Accompagnée par le dranyen, le luth traditionnel à six cordes et demie, la voix éthérée et retenue de Jigme Drukpa vogue entre une émotion profonde et une candeur méditative. Reconnu comme l’un des meilleurs musiciens du Bhoutan, son art vocal le place au rang de meilleur chanteur dans la tradition Zhungdra et Boedra. Musicien polyvalent, jouant également une variété de flûtes, guimbarde, harmonica et dulcimer, il est aussi membre actif de la Royal Academy of Performing Arts à Thimphu.
 
Jigme Drukpa, originaire de l’Est du Bhoutan, est le seul ethnomusicologue bhoutanais. Il a soutenu son mémoire de maîtrise en Norvège en 1999. Jigme a enseigné, tourné et s’est représenté dans nombreux pays du monde, en Europe, Amérique du Nord, Asie,
Il a pu, au cours des années, par son travail sur le terrain, mettre en valeur une tradition encore mal connue et la propager par son enseignement.

Comme musicien, il offre le meilleur de lui-même, créant des sons à la fois sereins, pleins de vitalité et vifs, mais toujours plein de sens et engageant l’auditeur.
Prof. Roland Jackson, Ph. D. Emeritus, Claremont Graduate University, CA, USA.

Minuscule royaume blottit au pied de la chaîne himalayenne, le Bhoutan est l’un des pays les plus mystérieux de la planète. Après des siècles d’isolement, il s’ouvre tranquillement au monde et dévoile quelques-uns de ses mystères et particularités. Royaume de seigneurs, de visionnaires et de rêveurs célestes, de monastères et de forteresses d’un autre monde, le Bhoutan semble sortir d’un conte de fées. Les démons du monde spirituel cohabitent avec les merveilles d’une nature sublimée par la splendeur de ces montagnes où flottent les petits drapeaux à prières.

L’histoire de ce petit pays remonte au 8ème siècle, lorsque le mythique Guru Padmasambhava, en volant sur le dos d’une tigresse arriva depuis le Tibet jusqu'à Taksang, sur les falaises  surplombant la vallée de Paro. Padmasambhava "Guru rinpoché", considéré comme un second Bouddha, propagea ainsi le Bouddhisme Mahayana (tantrique) sur le territoire du Bhoutan.
Le pays sera unifié au 17 ème siècle par le religieux et homme d'état Zhabdrung Ngawang Namgyal. Il établira un système de gouvernement unifié, promulgua des lois et établira un réseau complexe de forteresses (dzong), centres à la fois religieux et administratifs.
Le Bhoutan, seul royaume au monde aujourd’hui officiellement affilié au Bouddhisme Mahayana, ouvrit ses portes timidement au tourisme en 1974, ce qui ne changea en rien l’attachement farouche du « pays du dragon » à son patrimoine et à sa tradition.

 

CHANTS DU BHOUTAN

Au Bhoutan, les chants et les danses sont une expression de réjouissance mais ils ont aussi une signification plus profonde dans un contexte bouddhique ; en apportant de la joie et en étant des offrandes aux divinités, chants et danses permettent l’accumulation de mérites pour la vie prochaine. Plus que l’exécution des chants, c’est leur signification qui a de l’importance. Un proverbe bhoutanais dit « Écoute la mélodie, pas la voix ; écoute les mots, pas la mélodie ; comprend le sens, pas les mots ».

L’apprentissage des chants se fait oralement de maître à élève ; mélodie et paroles sont enseignées simultanément. Les premiers livres de chants ne sont apparus qu’au milieu des années quatre-vingt.

Les chants se divisent aujourd’hui en huit catégories selon le thème traité : chants de prières et de vénération des religieux, chants religieux, chants pour le roi, chants pour le pays, chants de bonheur, chants d’amour, chants de tristesse, chants de bons vœux.

 

Chants traditionnels zhungdra, boedra et gurma

Les trois genres présentés ici sont parmi les plus représentatifs de la tradition musicale classique du Bhoutan, qui utilise l’échelle pentatonique, mais ils diffèrent dans l’arrangement des tons : le zhungdra classique propre au Bhoutan, le boedra venu du Tibet et le gurma, à savoir des chants dévotionnels dédiés à Milarepa, le grand mystique et poète tibétain (1040-1123), et à son disciple Rechungpa.

Tandis que les zhungdra et les boedra sont chantés uniquement par des laïcs et s’accompagnent souvent de danses, les gurma sont chantés à la fois par des laïcs et des religieux et ne se dansent pas.

Zhungdra signifie « mélodie centrale » ou « mélodie propre à l’état ». Ce style de chants semble avoir pris naissance au XVII e siècle au sein des forteresses, symboles du pouvoir, puis s’être propagé dans les campagnes. Ces mélopées, « sans rythme », utilisant les tons CDFGA, sont solennelles, souvent exécutées sans musique d’accompagnement ou simplement avec le luth à six cordes et demie. Elles peuvent être chantées et dansées par des
laïcs, hommes et femmes. Elles sont versifiées en choekê, « langue de la religion », c’est-à dire en tibétain classique, et leurs sujets sont à dominante religieuse. Les danses qui accompagnent la plupart du temps les chants zhungdra sont exécutées en ligne, les danseurs
faisant face à l’autel, aux religieux ou aux invités d’honneur dans une attitude de respect.

Une discipline vocale et une rigueur du comportement doivent être observées pour chanter et danser les zhungdra de façon acceptable. Il faut éviter quatre défauts : percher sa voix de façon trop aiguë, chanter de façon criarde, être renfrogné et attendre que les autres participants commencent. L’apprentissage des zhungdra insiste sur la façon juste de poser la voix qui ne doit pas être non plus submergée par la musique.

Les chants véhiculent des valeurs sociales et religieuses positives : la valeur de la vie humaine et l’importance de donner un sens à sa vie, la non-permanence, la foi, le respect et la gratitude envers les maîtres ou  les personnes âgées, les vœux de bon augure… L’importance de la nature et sa conception comme une entité vivante à respecter sont aussi très présentes dans les zhungdra.

Boedra. Ce nom peut signifier soit « chants du Tibet », et dans ce cas ces chants auraient été influencés par la musique tibétaine, soit « chants des courtisans ». Selon cette hypothèse, les boedra auraient été popularisés par les courtisans appelés Boe Garp qui se déplaçaient dans le pays pour des missions officielles. Les boedra seraient apparus plus tardivement que les zhungdra. Comme les zhungdra, ces chants sont versifiés en choekê et la voix doit avoir une ampleur telle que la musique ne doit pas la couvrir. Chants folkloriques plus axés sur la vie quotidienne, les boedra ont en général un rythme rapide et utilisent les tons CDEGA et CDFGA. Les danses qui accompagnent les boedra sont exécutées en cercles par les hommes et les femmes et toutes les classes de la société s’y mêlent.

Les gurma sont des chants dévotionnels composés par d’éminents religieux dont Milarepa, mystique et poète tibétain (1040-1123) ou, récemment, Dudjom Rinpoche (1904-1987), maître de l’école des rnying ma pa. Ils sont en choekê et en vers de sept ou huit syllabes. Les gurma ne s’accompagnent pas de danses car ils n’ont aucune fonction de divertissement mais sont destinés à renforcer la foi. Ils peuvent être chantés par des religieux mais aussi, souvent lors de fêtes religieuses, par des groupes d’hommes ou de femmes laïques.

Françoise Pommaret